Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un vaste projet de démocratie économique et sociale complétant la démocratie politique voit le jour en Belgique. Il se concrétise par l'institutionnalisation d’une double forme de concertation : sociale, d’une part, et économique, d’autre part. La concertation sociale vise à associer les interlocuteurs sociaux aux décisions politiques prises en matière de relations collectives de travail. La concertation économique a pour objectif d’instaurer un mode de fonctionnement démocratique en matière économique : en permettant aux acteurs économiques de participer aux prises de décision (les patrons au niveau de la politique économique et les travailleurs au niveau de l’entreprise) et en orientant les décisions économiques vers l’intérêt général. Aujourd’hui, la concertation sociale est toujours d’actualité. En revanche, la concertation économique a quasiment disparu.
Le but du présent Courrier hebdomadaire est de retracer l’histoire, largement oubliée, de la démocratie économique et de ses réalisations institutionnelles. Quatre aspects de l’économie concertée sont analysés : le lien entre démocratie économique et démocratie politique, l’organisation démocratique de l’économie, la démocratisation de l’entreprise, l’encadrement démocratique de la politique économique. Pour tenter de caractériser le degré de consensus politique atteint sur ces différents aspects, sont étudiées les intentions du législateur, les vues des partis participant au pouvoir et les positions des interlocuteurs sociaux influençant la décision politique. Les facteurs du déclin de la concertation économique sont mis en évidence.
Ce retour sur le passé éclaire les débats actuels sur la « gouvernance économique », qui sont aux antipodes des conceptions ayant été à la base de la démocratie économique.
NOTE LIMINAIRE
PRÉFACE
INTRODUCTION
Les traités de paix : entre promesses d'un ordre nouveau et politiques de puissance
PARTIE 1 — DÉCIDEURS
L'exécutif belge : acteur ou spectateur des Traités de paix ?
Les tensions au sein du corps diplomatique belge à la veille de la Conférence de la Paix
Une initiation au monde. La brusque conscience de soi des Belges à Versailles
Le parlement belge, les partis politiques et la Conférence de la Paix
La première des Puissances « à intérêts particuliers » ? La Belgique dans les décisions et représentations des Alliés lors de la Conférence de la Paix de 1919
« Le véritable grand succès obtenu… ». Versailles et les exigences d’annexion formulées par la Belgique en 1918-1919. La perspective néerlandaise
Face au « Heraus ! ». Regards allemands sur la Belgique (1918-1920)
Les intérêts belges à l’étranger entre débâcle et opportunités
Un formidable butin de guerre facile à enlever ? L’échec de la mainmise belge sur les usines sidérurgiques du Grand-Duché de Luxembourg (1918-1921)
PARTIE 2 — REVENDICATIONS
Les réparations : des objectifs de reconstruction au marchandage interallié
« Les cantons rédimés » : origines d’une expression controversée. La « désannexion » d’Eupen et de Malmedy à travers le prisme de la presse belge, 1914-1920
Au-delà du fleuve. La Belgique et la liberté de navigation du Rhin (1918-1920)
Le tout et son contraire. Les revendications coloniales belges (1914-1919)
Les traités de paix, un tournant pour le droit du travail dans les colonies africaines
Le traité de Versailles et les questions ouvrières : la paix par la justice sociale
PARTIE 3 — OPINIONS
La Conférence de la Paix sous le regard de la presse quotidienne belge
Une occupation amicale : les alliés en Belgique entre 1918 et 1919
La paix de Versailles dans les journaux personnels des anciens occupés
Les collaborations économiques et leur répression
1 milliard de francs supplémentaire pour les finances publiques ? La mise sous séquestre et la liquidation des biens appartenant à des ressortissants des nations ennemies après la Première Guerre mondiale
Le cardinal Mercier et la paix : bilan et lumières nouvelles
Le service militaire obligatoire en Belgique après la Première Guerre mondiale (1918-1921)
C’était au temps où les Belges rêvaient… L’échec des revendications nationalistes à la Conférence de la Paix
Le « Versailles » des scientifiques, en particulier les historiens : de la volonté de revanche à la (ré)conciliation
L’immédiat après-guerre dans les lettres belges francophones : la question des revues
« Nous luttons pour un nouvel ordre mondial ». Les aspirations révolutionnaires de l’activisme de gauche de l’après-guerre
La « question allemande » dans les revues intellectuelles de Belgique francophone au moment des « traités de paix »
Les Jeux Olympiques d’Anvers : Hommage à la Belgique héroïque ?
CONCLUSIONS
NOTICES BIOGRAPHIQUES