À partir d'une démarche de sociologie historique, ce livre aborde les raisons du « succès », depuis plus de cinquante ans, du radicalisme jihadiste-terroriste au sein de l’islam sunnite et, en partie, dans le monde entier. L’action jihadiste-terroriste impose une réaction armée et policière. Mais celle-ci est loin de... Lees verder
À partir d'une démarche de sociologie historique, ce livre aborde les raisons du « succès », depuis plus de cinquante ans, du radicalisme jihadiste-terroriste au sein de l’islam sunnite et, en partie, dans le monde entier, cette vision politico-religieuse ayant réussi à imposer son agenda et sa logique d’action violente, d’où le titre: Jihad u akbar, « Le Jihad est grand ».
En cheminant pas à pas au fil des quatre grands moments d’actions et d’idées qui prônent et pratiquent la violence armée comme vision intrinsèquement religieuse, l’analyse dégage les logiques sociologiques à l’oeuvre: organisationnelles, pragmatiques, cognitives. Au départ de groupuscules marginaux des années 1960-1970, ces logiques ont abouti à la constitution d’un véritable sous-système au sein de l’islam sunnite, ayant son autonomie d’action, sa capacité de communication avec ses contextes et sa puissance de reproduction.
L’action jihadiste-terroriste impose une réaction armée et policière. Mais celle-ci est loin de suffire car elle conforte en partie la dynamique de la violence instaurée à partir de l’attentat du 11 septembre 2001, véritable coup de maître du programme jihadiste-terroriste.
Dégager les logiques internes au système religieux lui-même et les logiques microsociologiques, contextuelles et géopolitiques permet de comprendre l’ampleur de l’enjeu auquel les sociétés musulmanes et non musulmanes sont confrontées si elles veulent sortir de cette spirale de la violence dans laquelle elles ont été embarquées à long terme. En effet, si le radicalisme jihadiste-terroriste a mis des dizaines d’années pour s’implanter, il en faudra tout autant pour s’en défaire. Et cela à condition d’une mobilisation collective de multiples énergies sociales, dont celles qui devraient se dégager plus spécifiquement dans les pays européens, tant parmi les musulmans que parmi les non-musulmans.
En conclusion, l’ouvrage pointe quelques scénarios d’évolution possible du jihadisme-terroriste dans ce temps de l’après-Printemps arabe.
Introduction 5
1. Niveaux d'analyse et d’explication 7
2. Les analyses du radicalisme jihadiste 9
3. Au sujet de la terminologie utilisée 12
Chapitre 1. Le monde musulman dans les temps modernes.Crise structurelle, identité, religion et politique 21
1. Un passé récent et une question : pourquoi sommes-nous tombés si bas ?
Les années 1920-1930 21
1.1. Une première réponse : adopter la vision sécularisatriceà la manière de l’Occident 23
1.2. Une deuxième réponse : retourner à l’islam pour tracer une voieislamique à la modernité 24
1.2.1. C’était déjà la vision des mouvements de réforme de l’islamdu XIXe-début du XXe siècle 25
1.2.2. Les années 1920-1930 : l’écroulement et les reformulationsdans des directions multiples 26
1.2.3. La voie piétiste et morale 27
1.2.4. Un modèle exaltant de la voie politique : la création de l’Arabie saoudite 28
1.2.5. La voie sociale et politique 30
1.2.6. Bouillonnements politiques et accents radicaux dans le monde chiite 34
1.2.7. Une position décidément radicale : Sayyd Qutb 36
2. Les explications du retour à l’islam à partir des années 1970 37
2.1. Causes contextuelles sociopolitiques : la fin des illusions desindépendances et changements sociaux 38
2.2. Causes directes intrareligieuses : la passivité des institutions établieset l’action de mouvements religieux 39
2.3. Causes socioanthropologiques : le retour à l’islamet le patriarcalisme utile, ou la face cachée du retour à l’islam 41
2.4. Causes imaginaires : des attentes entre nostalgie et utopie 42
3. Conséquences sociétales pour les musulmans européens à l’enseignede la réislamisation de la norme et du politique 43
4. Conclusions 45
Chapitre 2. Un héritage consolidé. Le jihadisme 47
1. L’action armée au nom d’Allah dans la pensée et dans l’histoire musulmane 47
2. Épisodes jihadistes aux XIXe et XXe siècles 49
Chapitre 3. Le moment fondateur du jihadismecontemporain : les années 1960-1970.
De la politisation de l’islam aux jihads nationaux 53
1. Le contexte d’après-Deuxième Guerre mondiale 53
1.1. Décolonisation et pays musulmans 56
1.2. Retour sur les indépendances nationaleset questionnement sur la domination coloniale 57
1.3. La question israélienne et palestinienne 59
2. La dimension politique de l’islam dans le sunnismeà partir des années 1960-1970 60
2.1. Les politiques islamiques instituées 60
2.2. Une politisation islamique de base croissante 61
2.3. De la politisation au jihadisme : une jeunesse en révolte 62
2.4. La nouvelle pensée jihadiste 67
3. Conclusion : le début de la victoire de l’islam politique et l’idéologie jihadiste 69
Chapitre 4. Des jihads nationaux à la transnationalisationet à l’implantation du jihadisme (1980-1990) 73
1. Des tournants fondamentaux à l’échelle du monde 73
1.1. Le modèle économique et technologique et ses implications sociétales 73
1.2. Le monde musulman : islamiser la modernité 74
1.3. La fin du bloc communiste 82
2. Le devenir et les nouveautés du monde musulman : wahhabo-salafismeet radicalisme armé 84
2.1. De l’islamisation à l’emprise du wahhabo-salafismeet à la relance des Frères musulmans 84
2.2. De l’émergence du radicalisme et du jihadisme 88
3. La consolidation de la vision politique et de la lutte armée :conjonctures et territoires du jihad 92
3.1. Les Soviétiques en Afghanistan ou le terrain de la future académiejihadiste (1979-1989) 92
3.1.1. La résistance interne à l’invasion soviétique 93
3.1.2. L’internationalisation de la résistance à la lumière du jihad 94
3.1.3. Retrait soviétique, guerre civile et ordre taliban 95
3.2. Un entrepreneur du jihadisme : Oussama Ben Laden 97
3.2.1. 1979-1989 : l’organisateur des jihadistes en Afghanistan et au-delà 97
3.2.2. 1990-1996. Soudan : du jihadisme afghan au début de l’entrepreneurjihadiste mondial etantiaméricain 98
3.2.3. 1996-2001 : la préparation de la vision nouvelle du combat 100
3.3. L’Algérie et les ramifications européennes (1991-1998) 101
3.4. Les Balkans et l’Asie centrale postcommunistes 102
3.5. Palestine-Israël-Liban 104
3.6. Égypte, Libye 106
3.7. Afrique subsaharienne 107
3.8. L’Extrême-Orient 110
3.9. Europe, États-Unis et autres zones de migration musulmanecontemporaine : lieux d’action et d’attente 114
3.9.1. L’activisme révolutionnaire iranien 115
3.9.2. Les implantations radicales sunnites 116
4. Doctrines jihadistes et questionnements autour du jihad 119
4.1. Deux penseurs du jihad de ces années :Abdallah Azzam et Sayyed Imam al-Sharif 119
4.2. Débats autour du caractère licite du jihadismeet du « suicide offensif » selon la doctrine musulmane 121
5. Conclusions 122
5.1. La multiplication de contextes et des circonstances justifiantl’argument de l’action armée dans les décennies 1980-1990 122
5.2. Des conditions d’opportunités idéologiques 124
5.3. Le début de la consolidation de logiques sociologiques jihadistesl’instaurant comme système 125
5.4. Des conditions d’opportunités sociologiques et politiques 126
5.5. Bilan 128
Chapitre 5. La spirale catastrophique.Les années 2000, jusqu’au Printemps arabe 129
1. Le monde de l’an 2000 129
1.1. Le monde musulman 132
2. La spirale de la violence : le 11 septembre ou le succès historiquedu jihad et la double réponse 135
2.1. L’attentat 135
2.2. La première réponse : punir les auteurs et leurs protecteurset sauver l’honneur des États-Unis 136
2.3. La deuxième réaction américaine occidentale :le prétexte d’une guerre en Irak (2003-…) 137
3. Le devenir du jihadisme et du jihadisme terroriste entrele 11 septembre 2001 et 2011 140
3.1. La centralité d’al-Qaida dans le devenir du jihadisme 140
3.2. Les territoires du jihad après le 11 septembre,pendant la décennie 2000 : la consolidation et l’expansiondu jihadisme combattant et du radicalisme 143
3.2.1. Un foyer consolidé du jihadisme : Afghanistan et Pakistan 143
3.2.2. La puissante relance du jihadisme en Irak 145
3.2.3. De la déstructuration irakienne à la préparation du jihadisme à venir 145
3.2.4. Le monde arabe et la Turquie 147
3.2.5. L’extension du jihadisme dans l’Afrique subsaharienne 150
3.2.6. Extrême-Orient : le jihadisme diffus 151
3.2.7. Le réveil européen, angoissé face au jihadisme 153
3.3. Le territoire virtuel du jihadisme 154
4. Les extensions de la doctrine du jihad et les débats autour du terrorisme 157
4.1. Deux penseurs emblématiques du jihad : al-Awlaki et al-Maqdisi 158
4.2. Élargissement important de la notion du jihad :le jihad diffus et la stratégie du chaos 159
4.3. Un repenti du jihad et un débat critique : le Dr. Fadl 162
5. La question de l’interprétation du jihadisme 165
5.1. Analyses à la lumière des contextes sociopolitiques 166
5.2. Analyses historico-contextuelles 168
5.3. Facteurs psychosociologiques 168
5.4. Facteurs individuels et familiaux 169
5.5. Facteurs intrareligieux 169
6. Conclusions : après le tournant du 11 septembre 170
6.1. L’action armée jihadiste comme processus structuré et structurant 171
6.2. Le champ social radical-jihadiste 171
6.3. La succession de générations jihadistes 173
6.4. Des modalités d’actions territoriales diversifiées 173
6.5. La pensée radical-jihadiste et son mode d’existence 174
6.6. L’engrenage de la violence ou la réussite de la stratégieglobale radicale et la décennie perdue 175
Chapitre 6. Groupes et territoires jihadistes,du « Printemps arabe » à Daech… et après (2011-2018) 179
1. Dynamiques du monde et du monde musulman 179
2. Les événements du « Printemps arabe »et la séquence en six moments : des mouvements sociauxà l’action armée et aux nouvelles normalisations incertaines 183
2.1. Premier moment : un mouvement social (début 2011) 184
2.2. Deuxième moment : la réponse des États (2011-2012) 185
2.3. Troisième moment : du mouvement social à la lutte arméeet à l’installation dans la violence (2012-2013) 186
2.4. Quatrième moment : la création et le succès du Califat islamique
(2014-2015) 189
2.5. Cinquième moment : la force des armes (2016-2017) 193
2.6. Sixième moment : « normalisations » et incertitudes (2018-...) 195
2.7. Conclusion 196
3. L’Europe dans l’après-Printemps arabe 197
4. Conclusions : les logiques de la nouvelle phase du jihadisme 200
Chapitre 7. Sociologie de la constructiondu jihadisme-terroriste. En guise de conclusion 205
1. Des postures d’analyse et leurs conséquences 206
2. De l’islamisation aux violences armées 208
2.1. Des enchaînements culturels et sociaux 208
2.2. Identités, positionnements idéologiques et utopiques civilisationnels 211
2.3. Des structures aux individus 213
3. Une réalité sociale : le sous-système jihadiste 214
3.1. Le champ religieux jihadiste : divisions et convergences 215
3.2. Formes et territoires du déploiement du sous-système 215
4. Les implications sociologiques de l’existence du jihadismecomme système 218
5. Les facteurs qui favorisent l’émergence ou la déstructuration du jihadisme 221
5.1. Au coeur du dynamisme jihadiste : la pensée, l’action et les moyens 221
5.1.1. Le système de pensée 221
5.1.2. Individus agissants 222
5.1.3. Moyens financiers et matériels 224
5.2. Facteurs contextuels spécifiques 225
5.2.1. Interventions externes 225
5.2.2. Attitudes et réponses des États et des sociétés au jihadisme 226
5.2.3. Les réalités européennes 228
5.2.4. Organisation et maturité de la société civile 229
5.3. Facteurs contextuels généraux 230
5.3.1. Dynamiques mondiales 230
5.3.2. La spirale de la violence 232
6. Scénarios d’avenir 233
6.1. Scénarios au sujet du devenir du sous-système jihadiste 233
6.1.1. L’écroulement du sous-système jihadiste par effet externe 233
6.1.2. La dissolution du sous-système jihadiste par autorégulationinterne du sunnisme 234
6.1.3. L’inclusion du sous-système jihadiste dans l’espace politique 235
6.1.4. Le substitut pieux-rigoriste du jihadisme 236
6.1.5. Minorisation du système jihadiste par distanciation et épuisement 236
6.1.6. La continuité 237
6.2. Scénarios concernant les sociétés européennes confrontées auradicalisme et au jihadisme 238
6.2.1. L’action armée et sécuritaire 238
6.2.2. La fracture consolidée 239
6.2.3. La trêve avec des éléments du sous-système jihadiste 240
6.2.4. Un débat et une action globale 240
7. Considérations finales 240
Bibliographie consultée et citée 245
Index des noms de personnes 263
Index des organisations musulmanes 267
Remerciements 271