Exercice spontané de métaphysique, la Troisième Symphonie de Gustav Mahler nous enseigne comment bâtir un monde. Archétype de l'art symphonique mahlérien, son premier mouvement est tendu entre le grand style romantique, dont Mahler est l'ultime dépositaire, et les « banalités » populaires qui le corrompent de l'intérieur. Quel est le sens de ce contraste entre le haut et le bas ? Le programme le figure comme un mouvement d’élévation, de la Terre vers le Ciel. Mais cette signification cosmologique surcode une puissance politique, directement exprimée par l’idiome musical. Cette puissance inconsciente, couvant dans la situation minoritaire de Mahler, est celle d’un devenir ambigu de la Symphonie, à la fois singulier et universel, humoristique et effroyable. À l’occasion du centenaire de sa mort, ce livre de philosophie constitue ainsi un hommage à la pensée musicale de Mahler.