Quel est l’apport des femmes à la production du discours critique tant dans le domaine de la littérature que celui des arts ? Si cette question est restée longtemps ignorée, voire occultée ou jugée peu pertinente, elle a été l’objet, au XXe siècle, d’un investissement massif par la critique féministe qui s’est chargée de construire et d’articuler ce discours autour de l’affirmation d’une perception de l’art propre aux femmes. Ce regard féministe militant sur les arts a certes permis l’exhumation d’un nombre important de créatrices « oubliées » par l’histoire de l’art et l’histoire littéraire traditionnelles ; il laisse néanmoins en suspens la question du regard féminin porté sur les productions artistiques, tel qu’il a pu se constituer et se développer au cours de l’histoire au gré des résistances et des ouvertures au sein de l’institution culturelle. Longtemps la faculté d’élaborer un discours théorique a en effet été déniée aux femmes, et par là même, la possibilité d’exercer le rôle de chefs de file, d’autorités intellectuelles ou d’innovatrices. Au cours des siècles, nombreuses furent les intellectuelles à avoir dû ruser avec l’institution pour faire entendre leur voix et obtenir la reconnaissance. C’est ce discours critique féminin, mais non nécessairement féministe, porté sur les arts et les lettres, que cet ouvrage collectif se propose d’aborder grâce aux concours de spécialistes de la littérature, des arts plastiques et du cinéma.