Travaillant sur une multitude de rêves fictifs, Wilhelm Richard Berger met en évidence des structures mentales modernes, de Jean Paul à Arno Schmidt, de Novalis à Thomas Mann. En contraste avec la compréhension mantique du rêve qui est celle de l'antiquité et du monde oriental (par exemple chez Homère ou dans l'Ancien Testament), il décrit le rêve comme une orientation croissante vers la subjectivité du Moi moderne. Depuis E.T.A. Hoffmann, les individus, détachés de tous les points de référence métaphysiques, font exclusivement des rêves du domaine privé, alimentés par le subconscient. Aussi bien la vision symbolique qu'également le rêve post freudien d'accomplissement des souhaits ont perdu toute dimension prophétique et renvoient, au lieu de cela, de manière récurrente aux 'restes du quotidien' et événements vécus du passé qui n'ont pas été retravaillés. Prenant appui sur l'interprétation des rêves de Freud, Berger fait apparaître la motivation psychologique du rêve dans le déroulement de l'action de divers romans. Le centre de gravité de cette étude, qui déborde largement le cadre de la discipline, est constitué par la réflexion sur la question de savoir par quels moyens du domaine de la technique narrative les auteurs parviennent à transposer dans la logique discursive du mot ce phénomène essentiellement visuel qu'est le rêve.