Comment retrouver les paroles de la communication orale d'autrefois, dont la forme la plus massive au Moyen Âge a été la prédication adressée aux assemblées de fidèles, notamment en ville à partir du XIIIe siècle ? Lire la suite
À défaut de disposer comme aujourd'hui d’enregistrements verbatim, il y faut le témoignage d’auditeurs attentifs. Exercés à la prise de notes, ils étaient aussi capables de restituer avec un certain degré de fiabilité ce qu’ils avaient entendu, en combinant dans leurs manuscrits à usage privé les notes consignées à la volée sur leurs tablettes de cire ou sur des rebuts de parchemin avec ce qu’ils retenaient directement dans le « ventre » de leur mémoire.
L’écho des paroles vives existe bien, dans une version écrite où domine le latin mais où la syntaxe, la morphologie et quelquefois même le vocabulaire sont ceux de la langue vernaculaire dont usaient les prédicateurs dans leurs sermons au peuple. Au XIIIe siècle cette circulation de la parole en chaire est bien perceptible à Paris : elle y est précoce, abondante et persistante. Venus de partout en Europe, les étudiants de la Faculté de théologie se forment alors à la communication du message religieux en allant écouter prêcher dans les lieux les plus div ers. Le propos de ce livre est d’exploiter les notes qu’ils ont prises et mises en ordre, et d’inscrire cette activité dans l’environnement passionnant des échanges culturels résultant de la prédication, aux premiers moments du temps long où elle fut renouvelée et singulièrement amplifiée en Europe par les frères mendiants.
Durant toute sa carrière universitaire (Paris-Sorbonne, Lyon 2, École pratique des hautes études), couronnée par sa direction de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (2011-2015) et son élection comme membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2018), Nicole Beriou a consacré ses recherches à l’histoire de la prédication médiévale comme système de communication, sous la forme d’études et d’éditions des textes dus à la plume des prédicateurs et de leurs auditeurs.
Origine des textes
Abréviations
Avant-propos
I. NOUVEAUX ÉCHOS DE LA PRÉDICATION AU XIIIe SIÈCLE
La reportation des sermons parisiens à la fin du XIIIe siècle
Le latin et la langue vernaculaire. À propos des sermons donnés le Vendredi saint au XIIIe siècle
Les prologues de recueils de sermons latins, du xiie au XVe siècle
II. LES AUTORITÉS ET LEURS USAGES
L'Évangile à la messe et dans la prédication en France méridionale, aux XIIe et XIIIe siècles
L'Écriture sainte dans la prédication de quelques Victorins
Le statut des sancti patres dans la formation religieuse des simples gens en Occident (xiie-xiiie siècles) (avec Martin Morard)
Federico Visconti, archevêque de Pise, disciple de Hugues de Saint-Cher
Le sermon thématique, une construction fonctionnelle et esthétique
III. LE MILIEU PARISIEN
Prédicateurs du dedans et du dehors. Traces de l'activité de prédication à Saint-Germain-des-Prés (xe-xiiie s.)
La prédication d'Étienne Langton. Un état de la question quarante ans après la thèse de Phyllis Roberts
« G. de Mailly », de l’ordre des frères Prêcheurs (avec Louis-Jacques Bataillon)
L’art de convaincre dans la prédication de Ranulphe de La Houblonnière
La prédication au béguinage de Paris pendant l’année liturgique 1272-1273
Index des noms de personne
Index des manuscrits