Les contributeurs de ce numéro entendent réfléchir sur la notion d'inspiration poétique, en l'envisageant moins comme une expérience ineffable éprouvée dans les profondeurs insondables de l’âme que comme une pratique liée à un environnement culturel et social. Read More
Il importe toutefois, au moment d'ouvrir cette introduction, de lever deux objections préjudicielles qui pourraient nous être faites : si des mots comme « inspiration » et « poésie » (ou poetry) parlent à tout locuteur francophone ou anglophone, ne serait‑ce que parce qu'ils lui évoquent des souvenirs scolaires, recouvrent‑ils des réalités qu’il est possible de retrouver dans toutes les cultures ? La question pourra paraître témoigner d’un scrupule excessif, mais il nous semble que, écrivant dans une revue d’anthropologie, nous ne pouvons l’esquiver. La discipline, en effet, n’a cessé de débusquer les erreurs d’appréciation que nous commettons lorsque nous appliquons à des données recueillies ailleurs des mots qui sont nôtres (pensons à « religion », « sacré », « mythe », etc.), tenant ainsi pour allant de soi que les réalités désignées ici par ces mots sont peu ou prou les mêmes que celles, provenant de là‑bas, sur lesquelles nous les plaquons.