Les prisons belges occupent régulièrement le devant de la scène médiatique.Pour de nombreux acteurs et observateurs du monde judiciaire, il n'existe pas de réelle politique pénitentiaire en Belgique. Depuis plus de trente ans, l’action politique à l’égard des prisons, focalisée sur le problème de la surpopulation carcérale, s’est réduite à une gestion de crise sans principes directeurs. Les rares réformes, menées au gré des soubresauts de l’actualité, n’ont eu d’autre ambition qu’un renforcement de la sécurité. Dans le même temps, la situation n’a cessé de se dégrader dans les lieux de détention.
Le présent Courrier hebdomadaire poursuit un double objectif. D’une part, cerner les obstacles qui s’opposent au développement d’une véritable politique pénitentiaire, dont la croissance du nombre de détenus, la vétusté des établissements et la formation inadaptée des surveillants. D’autre part, faire le point sur les fonctions de la prison, et donc sur son utilité pour la société.
Après avoir présenté les grands axes de la politique pénitentiaire depuis l’indépendance de la Belgique jusqu’aux années 1980, Philippe Mary examine la période contemporaine. Celle-ci se caractérise par l’abandon de l’idée de traiter les détenus et par la dégradation des conditions d’incarcération. Elle est également marquée par l’adoption d’une législation ambitieuse, mais dont l’entrée en vigueur et l’application paraissent incertaines. En conclusion, est proposée une grille de lecture des mutations contemporaines de la prison.