Les chanoines vermeils et brillants de santé
S'engraissent d’une longue et sainte oisiveté
Sans sortir de leur lit plus doux que des hermines
Ces pieux fainéants faisaient chanter matines
Veillaient à bien dîner, et laissaient en leur lieu
à des chantres gagés le soin de louer Dieu
Le poème « héroï-comique » de Nicolas Boileau, Le Lutrin (1683), dépeint la vie canoniale de son époque sous un jour peu glorieux. à travers l’Ancien Régime, les compagnies capitulaires sont l’objet tantôt de la gouaille, tantôt de la jalousie, ces sentiments mêlés qui visent d’ordinaire les institutions privilégiées, fastueuses et puissantes. La cathédrale Notre-Dame de Tournai, dans la seconde moitié du 18e siècle, connaît une période de fastes et de splendeurs, avant le brutal effondrement de l’Ancien Régime et sa suppression en novembre 1797. La plus illustre des églises « belgiques » recrute principalement dans l’aristocratie. Elle compte parmi ses membres plusieurs gloires littéraires, dont Octavien de Guasco, l’ami de Montesquieu, et le philosophe Corneille-François de Nelis. Par quelques particularismes, elle se trouve placée sous protection « spéciale » des souverains. Ses membres jouissent du privilège insigne de se vêtir en violet d’évêque ; en 1753, Marie-Thérèse y joint la concession d’une croix d’émail, qu’ils portent fièrement sur l’aumusse d’hermine. Comment s’y organise la vie canoniale ? La compagnie est-elle engoncée dans les vanités et la « sainte oisiveté » ?
Le présent volume se compose de trois études, consacrées aux revenus et devoirs des chanoines, aux modes de recrutement et à la discipline capitulaire. La seconde partie, le dictionnaire prosopographique, comporte une notice pour chacun des septante-trois chanoines qui se sont succédé les trente dernières années du 18e siècle.
Un second volume est prévu.
Introduction .............................................................................................................................. 7
§ 1. Le problème du « phénomène-social » ............................................................................. 7
§ 2. Phénoménalité-sociale et « attitude naturelle » ............................................................... 10
§ 3. Herméneutique de la quotidienneté et socialité ............................................................... 15
§ 4. Socialité quotidienne et partage de la phénoménalité ...................................................... 22
Première partie. Quotidienneté et sacralité : la structure rituelle des phénomènes-sociaux .... 31
Chapitre I : L'opposition du sacré et du profane comme modèle pour une analyse de la socialité ..... 33
§ 5. Le « sacré dans la vie quotidienne » et le problème de la différence durkheimienne ..... 33
§ 6. Critique d'une herméneutique de la sacralité : vers une théorie sociologique des pratiques
religieuses ordinaires ....... 39
§ 7. Le modèle wittgensteinien : « jeux de langage » et « béhaviorisme ontologique » ........ 44
Chapitre II : Approche éthologico-hiératique des phénomènes-sociaux ....................... 56
§ 8. Goffman et l'idée de « rites d’interaction » ............. 56
§ 9. Quel « référent » pour la sacralité quotidienne ? Le problème de la « personne » ......... 61
§ 10. La sacralité intrinsèque des phénomènes-sociaux .................. 69
Chapitre III : Phénoménalité-sociale et neutralisation de l’ontologie — le quotidien en situations ............ 80
§ 11. Ontologie et phénoménalité-sociale : la question « non ontologique » du quotidien et le problème phénoménologique de la « situation » ........ 80
§ 12. Sens et portée du concept de « définition de situation » .................... 89
§ 13. « Définitions de situations » et « possibilités sociales » ....................... 97
Deuxième partie. Structure eidétique de la phénoménalité-sociale .................. 107
Chapitre I : La régularité sociale et le problème de la temporalité quotidienne .......... 109
§ 14. Phénomènes-sociaux et régularité .................................. 109
§ 15. Régularité sociale et temporalité quotidienne ........................................ 116
Chapitre II : Les règles eidético-constitutives de la phénoménalisation des phénomènes-
sociaux ............... 130
§ 16. Le concept de « règle eidético-constitutive » .................... 130
§ 17. Règles eidético-constitutives et normativité phénoménale des phénomènes-sociaux .. 133
§ 18. Eidétique des phénomènes-sociaux et solitude : le rapport rituel aux objets ............... 145
Chapitre III : Structure eidétique générale des phénomènes-sociaux ........................... 155
§ 19. Le phénomène-social comme donnée spatio-temporelle, dynamique et modalisée ..... 155
a/ La spatialité des phénomènes-sociaux ........................... 155
b/ Détermination eidétique des moments : les phases des phénomènes-sociaux ............. 159
c/ La structuration dynamique des phénomènes-sociaux ............................................... 162
d/ La structuration « modale » des phénomènes-sociaux ............................................... 164
§ 20. Structure des phénomènes-sociaux eidétiquement rapportés à leurs composantes individuelles
..... 168
a/ Le « lieu » des personnes : la territorialité eidétique-phénoménale ............................ 168
b/ Les signes du lien .................................................................................................... 173
c/ Les individus comme composantes eidétiques .......................................................... 175
Chapitre IV : Quotidienneté et continuité — vers une approche « biographique » de la phénoménalité-sociale .............. 185
§ 21. Phénoménalité-sociale et continuité ............................................................................. 185
§ 22. L’ancrage biographique des situations ......................................................................... 188
§ 23. Histoires de vie et récits de pratique ............................................................................. 193
§ 24. Identité narrative et phénoménalité-sociale .................................................................. 197
Conclusion. Philosophie, phénoménologie-sociale et sciences humaines ..... 205
Bibliographie ......................................................................................................................... 213
Table des matières ............................................................................................................. 222