Cet ouvrage rassemble des contributions littéraires soulignant l'aspect textuel et intellectuel de la dissidence entre les XVIe et XVIIe siècles en France. Lire la suite
La dissidence constitue un tournant de l'histoire culturelle et de la conscience individuelle – religieuse et civique – des Français au XVIe siècle. La dissidence s’incarne dans le livre car elle est portée par les humanistes, qui font du livre leur moyen d’expression. Elle revêt alors les contours mouvants de la littérature : elle est travaillée aussi bien dans l’outrance – la satire et le pamphlet – que dans la discrétion pouvant entourer l’énonciation, ou même dans l’énigme du paradoxe rabelaisien. La dissidence a ses temps forts, l’évangélisme naissant, l’évangélisme prédicant puis l’hésuchisme. La forme varie, mais pas le sens, qui est celui d’un refus de la soumission. Ce refus se proclamera pour les zélés des guerres de religion – autre temps fort de la dissidence –, ou se dira en mode mineur pour les politiques pacifistes, héritiers d’Érasme, pour ceux qui, devant la déchéance humaine, prônent un retour à la douce mère nature. La dissidence se plie aux contraintes du temps et obéit aux tempéraments. En ce sens, elle contribue à faire évoluer les genres littéraires, tant dans leurs frontières polémiques que dans l’affirmation solitaire du moi.
Mathilde BERNARD est maître de conférences à l’Université de Paris Nanterre.
Nadine KUPERTY-TSUR est Professeure à l’Université de Tel Aviv.
Expressions de la dissidence à la Renaissance
Mathilde Bernard et Nadine Kupersky-Tsur
Cerner la dissidence : conceptualisation d'une notion sans
nom - Introduction
Figures et attitudes dissidentes
Timothy Hampton
Une sédition éloquente : notes pour une généalogie de la
dissidence
George Hoffmann
Littérature dissidente ou tributaire de la polémique
réformée ?
Mathilde Bernard
« Sa main contre tous, la main de tous contre lui » :
la dissidence de Pierre Caroli à travers la Défense de
Guillaume Farel (1545)
L'animal dissident
Patricia Eichel-Lojkine
De la dignité et excellence de l’animal. Faut-il voir dans
la parole de la fable un discours dissident ?
Cécile Huchard
Figure animale et dissidence : quelques usages de l’altérité
Rabelais et Panurge
Anne-Pascale Pouey-Mounou
Les paradoxes de l’« idiot » : liberté, « particularité »,
scandale chez Érasme et dans le Tiers Livre
Nadine Kuperty-Tsur
La dissidence de Panurge, entre sympathie et réprobation
Dorothée Lintner
Dissidence comique et belliqueuse : influence
rabelaisienne dans les pamphlets du début du xviie siècle
De la dissidence cachée à la dissidence ouverte
Gilbert Schrenck
La dissidence cryptée : anonymat, initiales et attribution
des pasquils dans le Journal du règne de Henri III de
Pierre de L’Estoile
Catherine Magnien-Simonin
Étienne Pasquier (1529-1615) ou la dissidence discrète
Anna Bettoni
La dissidence discrète d’Arnaud du Ferrier (1577) p. 261
Natacha Salliot
Théâtre et dissidence religieuse au xvie siècle : la
représentation des élus
Anne Duprat
Résistances de l’anecdote : Brantôme et la dissidence
narrative
Éliane Viennot
Entre dissidence politique et dissidence littéraire : le
dialogue Marguerite de Valois-Brantôme
Bibliographie complémentaire
Résumés - Mots-clés
Les auteurs