Il arrive qu'on tourne et qu'on retourne une phrase dans sa bouche toute la journée, comme un noyau d’olive dirait le romancier Erri De Luca. Alors, goûtez comme sont bonnes les olives de Carl Vanwelde, et vous garderez en bouche le goût subtil de ses petites notations tout imprégnées de saveurs musicales. Goûtez et voyez, car l’écriture du Carnet Moleskine se veut aussi picturale à travers les jeux d’ombre et de lumière d’une photographie impressionniste qui accompagne si bien la musique des mots. J’ai toujours aimé l’art du « si peu », cette façon de saisir le « presque rien » qui traverse et parfois transfigure le quotidien le plus frugal. Et quand un médecin offre à ses patients une gorgée de poésie, il en fait, comme par magie, des « personnages » qui rejoignent nos propres histoires. Du coup, on se surprend à inviter chez soi « l’amante endormie », « la vieille chiromancienne», « la dame qui faisait des réussites » ou « l’homme qui a perdu son job et qui a pris un chien »…
Un carnet de senteurs et d’effleurements, habité parfois, d’un mal au dos ou d’une fièvre au coeur, mais qui sait aussi s’habiller d’un nouveau foulard et se parfumer d’une goutte d’Yves St Laurent.
Gabriel Ringlet