Suite à la dissolution de la perspective marxiste et aux transformations néo-libérales du capitalisme à la fin des années 1970, la Classe ouvrière s'est éclipsée : après des décennies de déclin social et d’invisibilité politique, les ouvriers n’apparaissent plus aujourd’hui que comme les victimes de la crise, du chômage de masse et de conditions de vie souvent meurtrières. Mais la centralité politique et sociale de la Classe ouvrière a constitué un facteur décisif de l’histoire du xxe siècle. La Classe représentait à la fois un élément essentiel dans le fonctionnement de l’économie capitaliste et un principe d’antagonisme subjectif qui annonçait dans ses formes de vie la possibilité d’une organisation sociale différente.
Cet ouvrage reconstruit un épisode significatif de l’histoire de la centralité ouvrière : la séquence politique des années 1960 en Italie. La Nouvelle Gauche italienne — en particulier la revue-collectif Quaderni Rossi — a produit une fusion originale entre l’enquête menée dans les usines comme pratique militante directe et la théorie critique du capitalisme moderne inspirée par Lukács et l’École de Francfort. Malgré sa brièveté, cette expérience fut décisive pour la longue saison italienne des luttes sociales : elle a réussi à articuler l’exigence d’ancrer la politique à la vie ordinaire des classes laborieuses, la tentative de surmonter la crise du mouvement ouvrier après la glaciation stalinienne et la confrontation avec les diagnostics philosophiques de la modernité élaborés par Hegel et Max Weber.
À la fois intervention militante et production de connaissances, l’enquête est le fil conducteur qui permet de reconstruire cette conjoncture et ses enjeux historiques et philosophiques : elle rend visible l’émergence d’une subjectivité politique ouvrière en tant que point critique irréductible de la société capitaliste moderne. Reconstruire cette constellation signifie se remémorer la négation dialectique d’un ordre social devenu nature et destin.
Table des matières
Préface 7
Cécile Renouard
Introduction 15
Geneviève Fabry et Charlotte Luyckx
Écobiographie : un plongeon en trois temps 31
Véronique Bragard
Valeur, signes, nature, engagement. Notes de voyage entre communication
et transition 37
Andrea Catellani
La thermodynamique peut tout expliquer 45
Francesco Contino
De la RSE à l'économie régénérative, de la tête au cœur : vers un activisme
écosystémique 53
Sabine Denis
Écologie, transition et vie universitaire 65
Bernard Feltz
Apprendre à marcher sur le verglas 75
Nathalie Frogneux
Du désarroi au désir d’alignement : trajectoire émotionnelle et politique 83
Louise Knops
Quand chercher et enseigner nécessitent de muter et alerter 93
Laurent Lievens
Ceci n’est pas une écobiographie. Esquisse pour une auto-analyse 103
Luis Martínez Andrade
La culture scientifique climatique : catalyseur d’une transition éclairée ? 111
François Massonnet
Un enseignant-chercheur géographe dans l'Anthropocène 119
Les imaginaires d’un ingénieur qui cherche son chemin 129
Jean-Pierre Raskin
Grandir au pied de l’Arbre-Monde 137
Coline Ruwet
De la décharge à l’université : Enseigner la responsabilité sociale de l’entreprise
et le développement durable 145
Valérie Swaen
Intégrer les enjeux d’environnement dans la santé : le cheminement
d’une économiste de la santé 155
Sandy Tubeuf
Crise écologique et engagement universitaire 163
Philippe Van Parijs
L’amour de la Nature et l’exploration de sa complexité : des facilitateurs
de nos interactions au service du vivant ? 171
Caroline Vincke
Conclusion 181
Geneviève Fabry et Charlotte Luyckx
Au sujet des auteur·ices : notes biographiques 195
Remerciements 199