Les rapports complexes de l'Historia verdadera de Bernal Díaz avec la vérité

Depuis toujours, l'Historia Verdadera de la Conquista de la Nueva España de Bernal Diaz a été louée et suivie aveuglément par de très nombreux chercheurs.

Pourtant, une étude minutieuse de celle-ci, nourrie des comparaisons avec les sources, révèle que le conquistador, loin d'être objectif, se trompe parfois, transforme souvent et invente volontiers certains faits décisifs de la conquête du Mexique.

De même, il décrit avec force détails, insistant sur sa qualité de témoin oculaire, des épisodes où sa présence peut être mise en doute. L'étude critique du séjour des Espagnols à Mexico, capitale des Aztèques, est exemplaire à ce propos.

Le conquistador n'hésite pas non plus à noircir, par touches successives, les mœurs et les coutumes des Indiens. C'est à dessein qu'il insiste sur le cannibalisme, la sodomie et le sacrifice humain, quitte à exagérer leur ampleur ou à travestir carrément la réalité.

Ce jugement négatif que Bernal Diaz porte sur les civilisations mésoaméricaines est loin d'être neutre. L'analyse du contexte historique fournit, en effet, la clef des motivations qui l'ont poussé à rédiger sa chronique longtemps après le déroulement des faits.

Enfin, face à cette chronique intentionnellement orientée et ponctuée par-ci par-là d'erreurs, il devenait indispensable de cerner précisément le rôle du conquistador dans la conquête. Bernal Diaz était-il toujours à l'endroit et au moment où il le prétend ? L'examen de la position du narrateur interne dans le récit est révélatrice de la participation du conquistador aux événements.