Ce livre prétend à la fois déconstruire les préjugés et montrer comment la collaboration, mais aussi les oppositions entre Indiens et Jésuites accouchent de la co-construction de cet espace singulier, objet de tous les fantasmes jusqu'à aujourd’hui, en Amérique comme en Europe. Lire la suite
Okoga apovo ava reko ramõguarãma. Rédigés il y a trois cents ans, à plusieurs centaines de kilomètres au nord de Buenos Aires, ces quelques mots guaranis prétendent instruire le lecteur sur « le comportement que les hommes doivent adopter lors du travail des champs ». Surmontant l'un des quatre vingt huit chapitres d’un catéchisme de travail récemment découvert et produit au début du XVIIIe siècle dans les missions jésuites du Paraguay, ils illustrent les problèmes engendrés par la rencontre entre les Guaranis et les missionnaires Indiens venus pour les évangéliser.
Souvent décrites par leurs contemporains, des missionnaires eux-mêmes aux philosophes des lumières, comme une utopie réalisée dans laquelle le travail était aussi bien ordonné que la vie religieuse, les missions étaient en effet le siège d’une production agricole et artisanale intense. Plus de cent mille Indiens y cultivaient le blé ou le coton, pratiquaient l’élevage, édifi aient de grandes églises et fabriquaient outils, statues, instruments de musiques et même lunettes astronomiques. Cependant, les pratiques et représentations du travail indiennes et européennes, radicalement différentes, provoquaient nombre de confl its illustrés par les chroniques missionnaires, qui jugeaient les Guaranis comme des êtres paresseux et dotés de peu d’intelligence.
La cloche, le rabot et la houe, en s’appuyant sur la traduction inédite de plusieurs chapitres du Manuscrit de Luján et en mêlant reconstitution historique fictionnelle et analyse des pratiques et relations sociales au travail, prétend à la fois déconstruire ces préjugés et montrer comment la collaboration, mais aussi les oppositions entre Indiens et Jésuites accouchent de la co-construction de cet espace singulier, objet de tous les fantasmes jusqu’à aujourd’hui, en Amérique comme en Europe.
Transition 5
Chapitre 1. Méditation du réel et des phénomènes – du fictionnel 9
Le réel et ses stratifications 10
Du « réalisme » inutile : le déjà-là n'est pas donné 15
Le phénomène se façonne en logo-phénomène – le fictionnel 28
Chapitre 2. Interruption Bataille 1 33
- Préface Sur Nietzsche 33
- Existence journalière 37
- Sur l'art et la littérature 39
Chapitre 3. Méditation de l’art, de la littérature, de la poésie – du fictif 45
- Initialement, la préhistoire 50
- Actuellement, l’art contemporain 51
- « Nous avons l’art… » 56
- « … pour ne pas périr » 58
La reproduction massive entre la distraction et le choc pénétrant 59
L’effectif en art : de la secousse à la réparation 63
L’art au dehors et le dehors de l’art 65
Le poétique de la poésie : à la racine de la fiction 72
L’errance du fictif 79
Chapitre 4. Méditations du vide, de la liberté – de la vérité 87
Du fictionnel et du fictif, derechef 93
De la liberté – la vérité 96
Chapitre 5. Méditation de l’action – de la justice 103
L’enjeu de la justice 106
L’action démocratique 109
La mutation et la déconstruction du travail – et de l’action 116
Retour sur la question du juste 130
Chapitre 6. Interruption Bataille 2 135
- L’(in)humain de l’histoire 137
Chapitre 7. Méditation du sacré, de la religion – de la charge 143
L’équivoque du sacré 143
- La fiction et le réel 145
- Le paradoxe du sacré aujourd’hui 146
- La signifiance passée 146
- L’in-signifiance actuelle 148
Pour une émergence signifiante 150
- Du sens à la dépense par la dé-religion de la fiction 154
Chapitre 8. Méditation du jeu et de la dépense 161
Du jeu générateur 162
Le devenir du temps 166
Disjonctions du sacré et du don 167
Utile, usage, besoin – désir, dépense 173
Après-coup 191
Bibliographie 193