La vraie nature du marché

Ces idées qui nous gouvernent

Finalement, en quoi consiste ce qu'on appelle dans les gazettes le modèle économique dominant ? Est-il vraiment ce diable qui a enfanté "l'horreur économique" ? Ou, au contraire, la source, voire le garant de notre prospérité ? Ou encore, et plus simplement, la "doctrine que l'on a aujourd'hui sous la main, faute de mieux ou au moins d'autre..." Lees verder

Finalement, en quoi consiste ce qu'on appelle dans les gazettes le modèle économique dominant ? Est-il vraiment ce diable qui a enfanté "l'horreur économique" ? Ou, au contraire, la source, voire le garant de notre prospérité ? Ou encore, et plus simplement, la "doctrine que l'on a aujourd'hui sous la main, faute de mieux ou au moins d'autre chose", comme le regrettait déjà J K Galbraith en 1973 ? Ce petit livre propose une excursion qui fait découvrir les origines, les idées et l'extraordinaire développement d'une école de pensée, devenue effectivement dominante, voire unique.
Quand ? Qui ? Pourquoi ? Comment ? Avec quels résultats ? Et surtout, avec quelles perspectives ? Voilà autant de questions qui se posent et qui méritent le détour si l'on veut essayer de percevoir la vraie nature de ce qui conditionne nos activités et, finalement, nos vies. Tous éléments qui, a priori, intéressent, et en tout cas concernent, tant l'étudiant que le praticien curieux ou, tout simplement, "l'honnête homme" qui s'interroge.


Paperback - In het Frans 19,95 €

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Gegevens


Uitgever
De Boeck
Auteur
Jean-Pierre Hansen,
Taal
Frans
Categorie uitgever
DUC > Sciences économiques
BIC subject category (UK)
K Economics, finance, business & management > KC Economics
Onix Audience Codes
06 Professional and scholarly
Voor het eerst gepubliceerd
04 december 2012
Type werk
Monografie

Paperback


Publicatie datum
04 december 2012
ISBN-13
978-2-8041-7142-1
Code
DUC227676001
Formaat
16 x 24 x 0,1 cm
Aanbevolen verkoopprijs
19,95 €
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Version 2.1, Version 3

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Mottoul

12-sep-2021

À PROPOS DU LIVRE DE JEAN-PIERRE HANSEN : “LA VRAIE NATURE DU MARCHE” L’ambition de ce livre est de procéder à une lecture critique des grandes théories économiques au regard du régime dans lequel nous baignons effectivement. Une longue pratique de gestion couplée à un goût et un talent pour une réflexion structurée plus abstraite forment une source trop rare d’intervention dans le débat scientifique sur le statut de l’économie pour qu’on ne puisse se réjouir de voir un entrepreneur nous donner sa perception de la pertinence de la « science » économique face aux réalités de son métier. Il reste, à notre goût, trop attaché au discours dominant fondé sur l’école néo-classique. Même si Jean-Pierre Hansen en souligne quelques défauts, il considère que cela reste une base adéquate pour concevoir le fonctionnement d’une économie, d’autant plus, dit-il, que les économistes réussissent à améliorer ce modèle en le repensant sur base d’hypothèses moins éloignées de la réalité. Ainsi, en final, Jean-Pierre Hansen plaide-t-il pour un « nouveau programme » d’extension du champ du modèle néo-classique couplé à un retour aux fondements mêmes de la pensée d’Adam Smith. Or, c’est là, marier l’eau et le feu. Parlant de « nature du marché », il importe, conceptuellement, d’en distinguer deux types. Cette distinction est tellement fondamentale qu’il serait sage de donner à chacun de ces deux types un vocable différent qui éviterait bien des malentendus dans les débats entre économistes. Le premier type concerne les produits issus d’un travail standard nouveau. Par standard, nous entendons ces produits qui ne sont pas liés à la personnalité de leur auteur. Nous lui réservons l’appellation de marché. Le second type concerne les produits qui ne résultent pas d’un travail nouveau mais se résume à un transfert de propriété de choses existantes. C’est le cas du marché des œuvres d’art, des voitures d’occasion, des actions de sociétés ou encore du marché secondaire des actifs financiers. Nous appellerons ce second type « lieu de transferts». En quoi, cette distinction est-elle importante ? Sur un marché, les échanges se font au coût de production. La valeur n’est pas substantielle, mais elle est un simple rapport qui tend, dans un marché suffisamment concurrencé, à celui des temps de travail respectivement nécessaires à la production des produits échangés (en ce compris le temps de travail nécessaire à la fabrication des produits capitaux tant matériels qu’immatériels). Le prix est alors l’expression objective d’un rapport de coûts. Et ce dispositif répond à la préoccupation de l’organisation optimale du temps de travail. C’est la vision des économistes classiques. L’eau est peu chère, non parce qu’elle est abondante, mais parce qu’elle n’exige pas, par rapport aux autres produits, beaucoup de travail pour être mise à notre disposition et si son prix a augmenté, ce n’est pas parce qu’elle serait devenue plus rare, mais bien à cause d’un travail plus important lié aux nécessités de l’épuration. Cette conception est essentielle car elle perçoit la valeur comme un rapport de coûts sans point fixe qui puisse servir de base à des comparaisons. C’est bien là l’ambigüité du P.I.B. comme indicateur rationnel de bien-être (rationnel au sens mathématique, c’est-à-dire avec une échelle de mesure débutant par un zéro absolu comme référence) pour ne pas dire – pour reprendre un langage marxiste, sa contradiction interne qui agit comme une toile d’araignée dont ne peuvent se dépêtrer ceux qui tentent depuis des lustres de nous offrir un indicateur plus révélateur de notre véritable bien-être . Car un P.I.B. à zéro c’est celui où d’aventure, un jour, tous nos besoins pourraient être satisfaits par des produits réalisés entièrement par des machines qui s’auto-entretiendraient sans travail nouveau. Sur un lieu de transfert par contre, le prix relève de facteurs subjectifs liés au désir, à l’état de fortune des demandeurs, à des visées spéculatives. Il n’y a pas de valeur ajoutée. C’est la vision néoclassique qui prétend pouvoir l’étendre à tous les produits en considérant que le marché n’est en sorte qu’un cas limite du lieu de transferts, celui où l’offre étant parfaitement élastique, le prix reste constant quelle que soit la demande. C’est ignorer qu’entre marché et lieu de transferts, il y a un changement radical de la conception de la valeur, l’une est un rapport de coûts objectifs, l’autre est une substance dérivée d’un désir subjectif. Plus encore, l’organisation de la production liée au marché relève explicitement d’une préoccupation économique alors que le lieu de transferts est sans intérêt pour l’économiste à l’exception notable des transferts des actifs financiers. Il importe de prendre conscience de ce que la spécificité de la pensée économique est de lutter contre une seule rareté, celle du temps. Son champ de réflexion ne peut porter que sur les produits du travail standard de l’homme pour lesquels le temps consacré à leur production est la contrainte (variable duale, dirait-on en technique de programmation linéaire) à une production plus abondante. L’économie ne peut rien pour lutter contre les autres raretés que ce soit la quantité d’une ressource naturelle, la superficie d’un terrain offrant toutes les caractéristiques pour générer un grand cru ou une vue superbe, le don d’un artiste ou d’un sportif de haut niveau ou, plus encore, une quantité finie d’un bien qu’il n’est plus possible de modifier tel qu’une toile d’un peintre décédé. Si ce sont ces contraintes qui limitent la production, on est en économie de pénurie et un rationnement s’impose. Il peut se faire par le prix dont on expliquera savamment le niveau par l’historiette de la « loi » de l’offre et de la demande. Pour l’économiste dont la préoccupation est l’organisation efficiente et efficace du temps de travail, peu lui chaut qu’un tableau de maître s’échange à un million ou deux millions de dollars. La formulation des lois qui président à ce prix, peut faire le délice des spécialistes du marché de l’art, des sociologues, des psychologues voire des psychanalystes concernant les tourments de l’âme humaine dans cette soif de possession, mais pas des économistes. Ce rationnement peut d’ailleurs aussi s’organiser par une appropriation collective (l’œuvre d’art dans le musée) ou de la puissance publique (nationalisation d’une matière première rare pouvant générer une taxe susceptible de financer un meilleur environnement collectif)) ou par une distribution de tickets de rationnement. Si celui-ci s’effectue par le prix, il est générateur d’une rente dont le fondement moral est lourdement critiquable. Une compétence exceptionnelle innée est ce que l’on appelle un don. Ce mot n’a-t-il pas aussi le sens d’un échange unilatéral sans contrepartie, c’est-à-dire de gratuité ? Etre pénétré de cette conception, c’est être naturellement amené à respecter la valeur parce que représentative d’un travail. Si ma grand-mère n’aurait jamais voulu jeter jusqu’à une croute de pain, ce n’était pas parce qu’elle était dans le besoin, ni par souci de ceux qui étaient dans la misère, mais parce qu’elle voyait dans cette croute, le labeur du paysan, du meunier et du boulanger. Aujourd’hui, sous l’empire d’une conception de la valeur fondée sur le désir porté sur les choses, je n’hésite pas à jeter ce qui a cessé d’être objet de mon désir. C’est la conception même de l’école néo-classique dite aussi hédoniste. Mais au-delà d‘une philosophie de nos rapports aux choses, l’école néo-classique souffre de maux encore plus fondamentaux d’un point de vue plus strictement économique. Son modèle part d’une hypothèse d’une collection de biens donnée. Mais l’économie réelle, c’est tout autre chose ; à l’origine, il y a absence de produits ; ceux-ci doivent être imaginés, conçus, testés et puis lancés et ce n’est pas le marché (sous-entendu la « loi » de l’offre et de la demande) qui fixera leur prix car celui-ci doit répondre à des exigences objectives de coûts. Le marché fixera les quantités produites en réponse à leur demande à ce prix. Et si la demande excède l’offre, le prix n’augmentera pas ; ce sont les délais de livraison qui seront allongés comme on peut l’observer quand une vague de chaleur vide les rayons de boissons fraîches ou qu’une commande de voiture n’est honorée qu‘au bout de six mois. Il n’est pas étonnant que dans la conception néo-classique, le temps ne puisse être pris en compte comme le reconnaît Jean-Pierre Hansen. Or, il est la variable clé de la réflexion économique. Si le temps est la ressource rare, il doit être valorisé. Et disposer d’un bien aujourd’hui ou demain, n’est pas indifférent. Pour expliquer le profit, l’école néo-classique est obligée de s’appuyer sur l’hypothèse des rendements décroissants. Non seulement cette hypothèse est peu conforme à la réalité et l’est de moins en moins avec les progrès des techniques de production, mais elle assimile le profit à une rente dont la justification pose problème. Face à la question fondamentale de la meilleure organisation du temps consacré au travail, il est par exemple utile de savoir dans quelle mesure, il est pertinent de passer par le détour d’une fabrication de filets de pêche dans l’espoir d’améliorer le produit de la pêche. Il faudra constituer une épargne et la mobiliser pour payer les fabricants de filets qui auront cessé de pêcher ; il faudra patienter pour bénéficier de ces filets et il faudra veiller à les remplacer au terme de leur vie. Combien faut-il pêcher en plus durant cette durée de vie pour justifier ce détour? Marx répond qu’il faut un supplément qui permet de poursuivre la fabrication de filets (amortissement). On se demande alors quel est l’intérêt de ce détour ? En fait, cet échange dans le temps n’est pertinent d’un point de vue de la bonne organisation du travail que si la pêche supplémentaire permet à la fois d’amortir les filets et de reconstituer l’épargne préalablement nécessaire au financement de cette production. Et cette reconstitution est d’autant plus coûteuse qu’il a fallu du temps pour la constituer, la mobiliser, et la réaliser en produit utilisable dans le processus de production. Cette reconstitution de l’épargne s’appelle le profit. Il est une composante du coût. Le poisson pêché avec un filet doit s’échanger dans un rapport qui prenne en compte ce détour par la production des filets afin de tester sur le marché si ce détour était justifié. Dans une économie peu développée, la constitution d’une épargne prend du temps, sa mobilisation est difficile si il n’existe pas un réseau d’intermédiation financière (banques) de qualité, la fabrication prendra beaucoup de temps faute d’instruments de production sophistiqués. Un tel détour y sera plus cher. C’est pourquoi les pays peu développés ont plus de difficulté à se doter de tels instruments. Cette genèse du profit qui en fait un élément objectif du coût de production prenant en compte la variable du temps, correspond aux pratiques de la comptabilité en partie double telles qu’elles sont vécues concrètement dans les entreprises. Elle semble nettement plus pertinente que l’explication néoclassique d’une rente liée aléatoirement à la pente de rendements décroissants et dont on peut s’interroger sur la licéité morale. Seule cette conception de la valeur permet une compréhension de la genèse du profit perçu alors comme indicateur de pertinence des investissements au regard du souci de ne pas gaspiller notre temps de travail. Reste alors la question du partage de ce profit. Trois destinations sont possibles : • Une consommation improductive = jouir des fruits de son développement • Un investissement productif marchand pour poursuivre le développement • Un investissement non marchand pour améliorer notre cadre de vie collectif, nécessaire au bon déploiement des deux usages précités Pour faire simple, on pourrait dire que le XIXème siècle a privilégié l’usage productif marchand permettant un extraordinaire développement économique, et que le XXème siècle a privilégié de plus en plus la consommation improductive (en ce compris au travers des transferts sociaux qui sont des impôts négatifs). Cette tendance n’est-elle pas liée à la domination d’une pensée économique qui fait du désir le fondement de la valeur, et de la consommation, le moteur de l’activité économique? Poser la question, c’est hélas y répondre. Jean-Marie Mottoul

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