A partir d’une réflexion pluridisciplinaire, les auteurs de cet ouvrage ont voulu repenser les questions de transmission dans un monde en pleine mutation. Traditionnellement, la transmission est avant tout une passation, dans un rapport à l’autre, dans une forme d'échange, de soi à l’autre. Elle permet à la fois de poser la question de la définition et de la construction des identités individuelles, familiales et sociales ; elle témoigne de la singularité d’une histoire, entre le poids de l’héritage et la liberté individuelle, mais également des processus socio-historiques qu’elle fonde et dans lesquels elle se fond. Les formes et les contenus de la passation changent, mais ils s’inscrivent toujours au cœur des dispositifs sociaux et des dynamiques sociales, reconnaissant par là à la fois une constante anthropologique et une construction sociale du sens. Si donc la transmission demeure, on peut également dire que ces formes et ces contenus subissent l’ère du temps. Si toute société s'est construite autour d'un idéal fort, centré autour de valeurs dominantes socialement partagées et incarnées par les différentes institutions (école, église, famille...), les textes présentés dans ce collectif s'essaient à définir un nouvel impératif normatif, tout aussi unique que les précédents, mais dont les modalités pratiques s'en trouvent multipliées. Ainsi, la quête d'épanouissement personnel et de bonheur semble s'imposer comme une nouvelle norme sociale, mais dont les réalisations concrètes ne sont pas fixées a priori, mais construites dans l'expérience, voire dans l'épreuve. Dans ce sens, on s'éloignerait encore davantage que précédemment d'une forme de transmission linéaire où la génération précédente connaissait les codes et les contenus de la transmission pour davantage construire celle-ci dans un processus de rencontres et de partages d'expériences de vie. La transmission devient alors une relation de passage de modèles normatifs éclatés, mais plus encore une façon pour l’individu de pouvoir se construire une identité qui ne serait pas explosée. La cohérence identitaire serait dès lors un nouvel enjeu des formes de transmission : pouvoir transmettre, c’est aussi pouvoir se dire... Les questions de transmission deviennent centrales à la fois pour comprendre la notion de passage de soi à l’autre, mais aussi de passage de soi à soi.