La demande de restauration de la statue Notre-Dame la brune « chère entre toutes aux Tournaisiens » a été l'occasion d’ouvrir un double dossier à la fois technique et historique, conçu de manière interdisciplinaire. Les conclusions sont... Lees verder
La demande de restauration de la statue Notre-Dame la brune « chère entre toutes aux Tournaisiens » a été l'occasion d’ouvrir un double dossier à la fois technique et historique, conçu de manière interdisciplinaire. Les conclusions sont inattendues. L’histoire nous apprend que cette statue est l’une des rares statues du 16e siècle qui fait toujours l’objet d’une dévotion dans la cathédrale ; que pendant un bon siècle, elle semble avoir été particulièrement prisée par l’occupant espagnol ; que son culte a connu une réelle ferveur au 18e siècle, ce qui explique d’ailleurs que des paroissiens l’ont sauvée des destructions de la Révolution française ; qu’elle ne figure pas avant 1953 dans la procession de septembre et que l’appellation la brune n’intervient pas avant le milieu du 17e siècle.
C’est ici qu’interviennent les apports d’ordre technique. A l’origine, la statue pourrait avoir eu un visage polychrome avec des cheveux dorés et des vêtements à dominante brun et or. C’est après 1864 que le visage de Marie et le corps tout entier de Jésus sont brunis, peut-être pour inscrire la statue dans le mythe romantique des "Vierges noires", en se focalisant sur la couleur du visage, oubliant par là même que l’appellation la brune pouvait désigner autre chose. Telle qu’elle se présente aujourd’hui après restauration, la polychromie de la statue correspond à un état historique ayant existé au moment de son emplacement sous un dais néo-roman en 1864. La sculpture restaurée et son dais sont ainsi redevenus deux beaux témoins de la piété mariale à la cathédrale de Tournai au 19e siècle.