On interprète assez souvent le succès actuel des médecines parallèles comme une réaction à une double insatisfaction que la médecine scientifique laisse au patient dans nos sociétés occidentales. D’une part, la difficulté d’être entendu comme sujet dans sa maladie, comme une personne globale affectée dans la totalité de son être, dans le sens qu’elle donne à sa vie, à ses relations, etc. Et d’autre part, la difficulté d’être appréhendé d’une manière unitaire par le médecin, corps et esprit réunis. Les différents auteurs de cet ouvrage, qu’ils soient théologiens, philosophes, médecins ou historiens de la médecine, ont tous pris au sérieux ces appels à dépasser ce que l’on peut appeler les impasses de la biomédecine en proposant, selon différentes inspirations, une anthropologie renouvelée du corps humain. En particulier, s’il s’agit de faire droit aux convictions du patient et du professionnel de santé, à quelles conditions -épistémologiques mais aussi politiques- un dialogue entre l’Eglise et la science peut-il s’avérer légitime et fécond ? Que peuvent nous apprendre les écrits hippocratiques et les textes bibliques pour construire une autre représentation du corps humain et de la maladie ? Le modèle des soins palliatifs ne pourrait-il pas fournir à la biomédecine un nouveau paradigme de prise en charge du patient où celui-ci reste un sujet, capable de relation, une personne jusqu’au bout?