Le projet de doter les athlètes francophones d'un Centre de formation pour sportifs de haut niveau (CFSHN) remonte à plusieurs décennies. Mais la Communauté française a longtemps été réticente à l’idée d’investir dans une telle infrastructure, notamment parce qu’elle estimait préférable de soutenir le « sport pour tous ».
En 2009, le gouvernement Demotte II (PS/Écolo/CDH) ouvre la voie à un aboutissement potentiel du dossier. Porté par le ministre des Sports, le projet consiste alors en un centre unique, qui réunirait l’ensemble de l’élite sportive dans une installation de grande ampleur : quelque 87 000 m², pour un total de 70 millions d’euros. Rapidement, la question de la localisation du futur CFSHN constitue une importante source de tensions au sein du gouvernement, dont certains membres défendent des intérêts sous-régionaux, notamment pour des motifs électoraux. André Antoine (CDH) soutient la candidature de Louvain-la-Neuve, tandis que Jean-Claude Marcourt (PS) est favorable à celle de Liège.
Au final, les négociations mènent, le 6 mars 2012, à la victoire de l’option néo-louvaniste. Toutefois, le projet retenu est bien moindre que dans sa mouture initiale : il se réduit à la construction d’une piste d’athlétisme couverte, pour une surface de 10 000 m² et un budget de 20 millions d’euros (auxquels s’ajoutent toutefois des fonds pour diverses réalisations connexes, à Louvain-la-Neuve ou à Liège). Les divers centres locaux sont donc maintenus, au grand soulagement de nombre d’entre eux. Le dossier du CFSHN doit ensuite résoudre les problèmes qui se posent dans le choix du maître d’œuvre technique et financier, après que la Province de Brabant a décidé de se retirer du projet néo-louvaniste. Enfin, les travaux débutent au printemps 2017, pour une inauguration prévue deux ans plus tard.
J. Defosse retrace le processus ayant mené à l’adoption du projet de CFSHN et analyse les enseignements de ce dossier quant à la prise de décision en Belgique francophone.