Pour aborder la production dramatique du XXème siècle, le tragique a toutes les apparences d'une bonne piste. Bon nombre de pieces semblent en effet réveiller l'écho des grandes questions quant au sens de l'existence et de la destinée humaine, que les grecs de l'antiquité avait mises en scène sur cet autre agora que constitue le théâtre.
Pourtant lorsque l'on tente de vérifier cette intuition par l'analyse des textes, on est forcé de constater que faute de définition consensuelle, le concept du tragique reste flou et se prête assez mal à l'exégèse.
Faut-il pour lors renoncer à pénétrer ce recoin obscur de l'histoire récente du théâtre européen? Cette non-solution apparaît d'autant plus domageable que les sciences humaines, la philosophie en particulier, se sont abondamment intéressées à la notion de tragique, attestant de la sorte la place effective qu'il occupe dans la pensée contemporaine. Mais comment approcher son éventuelle résurgence au XXème siècle sans tomber dans cet autre travers qui consiste à attendre des oeuvres modernes qu'elles se coulent dans les moules anciens hérités du passé?
La présente étude se propose d'essayer au détour d'un dialogue interdisciplinaire avec la philosophie, de dégager une issue à cette impasse herméneutique.