Les tricheurs, en art, en sport, en politique, en communication comme dans la vie rebutent ou… fascinent. Fausses confidences (Marivaux), fausse maîtresse (Balzac), faux-monnayeurs (Gide), faux-fuyants (Sagan), faussaire (Des Cars), les altérations, duplications, travestissements sont courants en littérature, où le mensonge se fait parfois plus fort et plus éclairant que la vérité. Dans ce roman, un pareil jeu est mené avec une référence initiale à la peinture qui a également, ô combien, ses maîtres faussaires, célèbres ou inconnus. Le commissaire chargé de l'enquête, expérimenté et futé comme ses modèles, les grands détectives du roman policier, ne s’en laisse pas conter, fût-ce par un comte… Sur un tapis chamarré et mouvant, dans le décor qui lui est cher, l’auteur déroule une histoire singulière, accrocheuse dès la première page, qui fait avancer avec éclat et sûreté, comme sur un échiquier, les divers personnages animés d’un souffle vital mais aussi de sentiments troubles. Né au hameau de Faulx (ça ne s’invente pas) dans la commune de Gesves, non au château de la Belle au bois dormant mais dans une modeste demeure, Jean-Hubert Mabille a déjà évoqué son enfance rurale et traditionnelle dans d’autres livres. Il y revient ici, avec l’art du conteur amoureux de la langue et de son terroir.