Depuis la fameuse affaire de la Générale en 1988, les acquisitions d’entreprises par voie d’OPA ont beaucoup évolué. Ces modifications ont retenu l’attention de deux chercheuses de la Faculté Warocqué de l’Université de Mons-Hainaut. Anne Heldenbergh et Karin Comblé proposent une analyse détaillée du marché belge des OPA entre 1990 et 2000. Les quelques 350 OPA initiées en Belgique entre 1990 et 2000 sont ainsi passées au crible. Dans leur ensemble, les OPA ne créent aucune valeur pour les acquéreurs. “Ce constat est paradoxal, explique Anne Heldenbergh. Des sociétés lancent des opérations d’acquisition qui ne leur rapportent rien du tout”. Ce phénomène étrange n’est pas propre à la Belgique : il se remarque sur d’autres marchés d’OPA comme les Etats-Unis, l’Angleterre, la France,...Comment expliquer ce paradoxe de l’acquéreur ? “Les concepteurs d’OPA ont trop souvent tendance à privilégier l’analyse des synergies de forces alors qu’ils délaissent les synergies de faiblesses”, indique Anne Heldenbergh. “Mais les résistances au changement du personnel ou les problèmes techniques d’intégration de systèmes de fonctionnement différents par exemple peuvent faire perdre tout le bénéfice d’un rapprochement”, poursuit-elle.
L’ouvrage s’attarde sur quelques opérations particulières pour illustrer des logiques d’OPA : les opérations de rapprochement dans le secteur de la bancassurance (Dexia, Fortis, KB/Cera, BBL/ING, Axa/Royale Belge) ne poursuivent pas les mêmes objectifs que les OPA lancées sur des certificats immobiliers (les Lendit et les autres), ni que celles initiées à l’occasion d’une restructuration de groupes d’entreprises.
Les deux auteurs dressent également un tableau synthétique des différentes législations d’OPA en Europe et soulignent la difficulté d’aboutir à une proposition de loi européenne qui satisfasse chacun. Le projet de directive européenne ne devrait d’ailleurs pas remettre fondamentalement en cause l’organisation des OPA belges, même si “Les seuils de contrôle qui déclenchent les OPA et les squeeze-out seront vraisemblablement modifiés” explique Karin Comblé.