Le Corpus de ce numéro de la Nouvelle Revue du Travail s'intéresse aux durées élevées de travail et en interroge les mécanismes sous-jacents. Read More
Audelà des débats sur la mesure du temps de travail, les auteurs européens se sont longtemps focalisés sur la réduction du temps de travail, en particulier en France autour des 35 heures. Les travailleurs peuvent avoir l'impression d’une intensification du travail ou d’une exigence managériale croissante de disponibilité temporelle, impression qui peut être liée à la déstandardisation des semaines de travail et à l’augmentation des temps de travail atypiques, décalés, irréguliers. L’objectivation des temps consacrés au travail pose des problèmes méthodologiques et métrologiques bien connus et documentés. Cependant, l’importance des longues durées de travail et leur évolution dans le temps restent des éléments trop faiblement étayés empiriquement. Ce Corpus contribue à combler cette lacune. Pour comprendre ce que « travailler plus » veut dire, cette livraison de la Nouvelle Revue du Travail interroge les dérégulations temporelles, la flexibilisation du travail, et les remodelages en cours à partir des réformes du Code du travail. Comment les collectifs de travail se structurent-ils quand le cadre temporel commun se relâche ? Sont-ils en mesure de réagir à l’injonction à « travailler plus » ? La capacité à « travailler plus », l’apprentissage du changement, la culture du résultat, l’intégration de la logique de l’urgence, etc., ne renvoient-ils pas à une dimension temporelle de « l’employabilité » attendue dans le régime contemporain de mobilisation de la force de travail ? Quels sont les effets de ce nouveau régime temporel sur le travail et sur les conditions de travail ? La qualité de vie et l’articulation des temps sociaux sont également en jeu : le recadrage du travail par d’autres activités jugées importantes n’estil pas plus difficile et le sentiment de manquer de temps au quotidien n’est-il pas plus prégnant ? La question est posée de savoir comment les situations d’allongement des durées du travail, qui semblent de moins en moins négociées, s’articulent à la tendance, à l’œuvre depuis plusieurs décennies, d’une flexibilisation des temps de travail et du recul d’une certaine concordance des temps dans la société
Travailler plus ! Présentation du Corpus Lionel Jacquot, Jean-Philippe Melchior & Simon Paye
Quand le droit favorise l'augmentation et la flexibilité du temps de travail Michel Miné
Les longues semaines de travail. Multiplicité et inégalité des situations Simon Paye
Durées courtes, journées longues. Fragmentation du temps de travail et pression sur le salaire Amandine Barrois & François-Xavier Devetter
Le compte épargne temps. Mieux vivre ou travailler plus ? Timo Giotto & Jens Thoemmes
L’enseignement supérieur et la recherche. Une pression temporelle accrue Lise Gastaldi & Caroline Lanciano-Morandat
Ce qui fait travailler les élites. L’engagement intensif des danseurs et des consultants Joël Laillier & Sébastien Stenger
Le privé est professionnel ? Les consultant·e·s en couple avec enfant Isabel Boni-Le Goff
Controverse Le revenu universel. De la diversité des mobiles à l’impossible débat Mateo Alaluf, Marie-Pierre Boucher, Jean-Marie Harribey, Sandra Laugier, Raphaël Liogier, Sabine Fortino & Jean-Pierre Durand
Varia The satisfaction paradox revisited. Patterns of wage interpretation among migrant and ethnic minority workers in low-wage jobs Karin Sardadvar, Ekaterina L. Markova & Ambra Poggi
Satisfaits malgré de bas salaires. Regards de travailleurs européens issus de la diversité Karin Sardadvar, Ekaterina L. Markova & Ambra Poggi
Champs & contrechamps August Sander et le modèle visuel. Les paysans dans Hommes du xxe siècle François Cardi
Matériaux Une travailleuse en quête de protection. Le portage salarial comme fragile outil de sécurisation Alexis Louvion
Recensions & notes de lecture Sarah Abdelnour, Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs, de l’utopie à la réalité, par Marie-Christine Bureau
Georges Benguigui et Dominique Monjardet, Les Classes moyennes en débat, par Paul Bouffartigue
Sophie Béroud, Paul Bouffartigue, Henri Eckert, Denis Merklen, En quête des classes populaires, un essai politique et Agnès Roche, Des vies de pauvres, les classes populaires dans le monde rural, par François Reyssat
Maëlezig Bigi, Olivier Cousin, Dominique Méda, Laëtitia Sibaud, Michel Wieviorka, Travailler au xxe siècle. Des salariés en quête de reconnaissance, par Sébastien Petit
Alain Caillé, Jean-Édouard Gresy, La Révolution du don. Le management repensé, par Danièle Linhart 265 Jean-Pierre Durand, La Fabrique de l’homme nouveau. Travailler, consommer et se taire, par Mateo Alaluf
Felder Alexandra, L’Activité des demandeurs d’asile. Se reconstruire en exil, par Sophie Mathieu
Karen Messing, Souffrances invisibles. Pour une science du travail à l’écoute des gens, par Anne-Marie Arborio
Mathilde Ramadier, Bienvenue dans le nouveau monde. Comment j’ai survécu à la coolitude des startups, et Patrick Rozenblatt, Razzia sur le travail. Critique de l’invalorisation du travail au 21e siècle, par Salvatore Maugeri
Pierre Roche, La Puissance d’agir au travail. Recherches et interventions cliniques, par Paul Bouffartigue
Sainsaulieu Ivan, Conflits et résistances au travail, par Camille Dupuy
Guy Standing, Le Précariat. Les dangers d’une nouvelle classe, par Jean-Pierre Durand