La crise de la justice frappe cruellement la Belgique depuis quelques temps. Son fonctionnement, le statut des magistrats, les rapports avec les justiciables sont quelques-unes des questions cruciales que le législateur s'est enfin décidé à revoir radicalement. Le travail est titanesque car il suppose de penser selon de nouveaux modèles, mieux adaptés aux nouvelles réalités des démocraties européennes. Il est cependant un modèle qui, aujourd'hui, n'est pas mis en cause, c'est celui de la justice de paix. Cette justice de proximité, tant personnelle que langagière et procédurale, apparaît comme un roc qui résiste solidement aux tourmentes de cette fin de siècle. L'histoire de cette justice de paix, surtout en Belgique, est mal connue. On se refère toujours à son acte de fondation qui remonte aux premiers jours de la Révolution française. Ces " hommes de bien ", non juristes, à qui l'on confia la gestion de ces juridictions nouvelles furent rapidement contestés. Malmenées, vilipendées, souvent méprisées, les justices de paix n'ont cependant jamais été supprimées. Bien au contraire. C'est à la mise en place progressive de cette confiance du politique à l'égard des justices de paix et de ses magistrats qu'est consacrée cette étude, limitée aux premiers temps de l'indépendance, période essentielle de consolidation définitive de l'utopie originaire.