Pour la discipline de l'histoire de l'art, aujourd'hui dominée par la tradition anglo-saxonne, le sauvetage des universitaires étrangers menacés par la montée du national-socialisme dans les années 1930 est devenu le glorieux récit des origines d'une communauté scientifique internationale soudée. Read More
Cette histoire héroïque, qui attribue l'essor de l'histoire de l'art à la contribution des intellectuels réfugiés, demande pourtant à être nuancée, car elle occulte les tensions latentes entre l'idéal d'universalisme de la science et le rôle toujours actif des particularismes nationaux dans la formulation des savoirs. Ces tensions parcourent la vie et la carrière de l'historien d'art d'origine allemande Nikolaus Pevsner (1902-1983). Pevsner, émigrant en Grande-Bretagne en 1933, a dû construire les conditions de sa propre intégration et pour cela modifier le périmètre de l'histoire de l'art d'un point de vue social, institutionnel et thématique, à travers ses écrits et une intense activité de popularisation et de défense du patrimoine artistique britannique qu'il n'a cessé d'arpenter.
Bénédicte Savoy
Introduction. Nikolaus Pevsner, saint patron du patrimoine britannique
1. Un triple ancrage culturel : lingua, securitas, dexteritas
3. Formation et transformations de l’ethos professionnel
4. L’institutionnalisation d’une discipline universitaire
5. Les transferts majeurs dans l’œuvre de Nikolaus Pevsner
6. Pevsner l’arpenteur : institutions culturelles et patrimoine